• Silence et nuit des bois

    Il est plus d'un silence, il est plus d'une nuit,
    Car chaque solitude a son propre mystère :
    Les bois ont donc aussi leur façon de se taire
    Et d'être obscurs aux yeux que le rêve y conduit.

    On sent dans leur silence errer l'âme du bruit,
    Et dans leur nuit filtrer des sables de lumière.
    Leur mystère est vivant : chaque homme à sa manière
    Selon ses souvenirs l'éprouve et le traduit.

    La nuit des bois fait naître une aube de pensées ;
    Et, favorable au vol des strophes cadencées,
    Leur silence est ailé comme un oiseau qui dort.

    Et le cœur dans les bois se donne sans effort :
    Leur nuit rend plus profonds les regards qu'on y lance,
    Et les aveux d'amour se font de leur silence.


     

    René-François Sully Prudhomme


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  • Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
    Où l'âme, au bout de la spirale descendue,
    Pâle et sur l'infini terrible suspendue,
    Sent le vent de l'abîme, et recule éperdue !
    Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,
    Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort.



    Albert Samain

     

     


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